C4 N° 210/211 (janv/fev 2012) : Bonne résolutions
2012 l’année de toutes les pressions ! le tempo est donné et se propage à la vitesse du son : c’est la fin de la récré, le temps de l’austérité. Les médias organisent l’office à grandes pompes; les académies, les experts de tout poil vont pouvoir y déployer une pensée qui mettra au pas des citoyens aux abois. Le débat est confisqué par les technocrates qui prennent la place de politiciens devenus aphasiques et impuissants face à la déconstruction et au démantèlement des Etats qu’ils ont pourtant -pour la majorité d’entre eux -contribué à créer…
Les agences de notation dirigent la manoeuvre, cotent, sanctionnent et dégradent les Etats qu’elles tiennent dorénavant dans leurs mains. Paradoxe, ce sont elles qui distribuent le bulletin alors qu’elles sont l’émanation directe d’un secteur bancaire qui s’est bien gardé de jouer la transparence lors de l’effondrementde 20O8.
Un jeu de dupes qui creuse le gouffre, divise et va laisser sur le flan des millions de citoyens en Europe. Il va falloir métaboliser, produire, penser et rebondir: résister à la posture dépressive, réinjecter du vivant là où on voudra faire mettre genoux en terre… Réinventer des rapports de force, pratiquer l’esquive, la ruse et le paradoxe … « d’une certaine gaieté ».
Pour ce numéro nous avons confié aux journalistes de C4 une déclinaison des bonnes résolutions en ces temps de crise ; elles parcourent ce numéro comme autant d’invitations à nourrir le débat, lancer des pistes individuelles et collectives.
En ce début d’année marquée par les premières mesures gouvernementales, il nous fallait analyser des décisions prises par le gouvernement en matière de législation de chômage. Bien sûr, elles constituent la porte d’entrée de la régression sociale mais elle signifie, très concrètement, une terrible menace pour les équipes de travailleurs de « D’une certaine gaieté » – constituées par beaucoup d’intermittent qui n’ont jamais pu sortir de la précarité. Ceux sont eux aussi qu’on menace aujourd’hui d’exclure. Les marges de manœuvres se referment : l’ère du bricolage institutionnel touche à sa fin. Il n’y a plus de tabou, plus de promesse si ce n’est celle d’une lente désagrégation dont on ne soupçonne pas encore suffisamment l’onde de choc.
En mars prochain C4 aura 20 ans. Qu’avons-nous fait de nos 20 ans, que sommes nous devenus et que voulons-nous poursuivre ? Un anniversaire qui sera l’occasion d’un redéploiement multi-médias et rédactionnel dont nous vous reparlerons lors de notre prochaine édition.
Bonne lecture à tous. A.L.
Sommaire
• Droits sociaux, pp 4-6 : Chômage, nouvelles mesures/nouveaux effets & Le Statut Omnio • Dé(s)mêlé(s), p.7 : Occupy, deux mille pouces ! • Bruxelles, pp.22-23 • La vie d’une certaine gaieté, pp.24-26 • Festival Voix de Femmes, p.27 : La fin d’un cycle ? • Liège, p.28 : Fin d’industrie • Système D, p.29 : Compteur à budget & Débrouilles • Rubrique à braques, pp.30-31 : Le Bon Appétit d’E. Pichault & Stas Academy
Le dossier
Il a celles qu’on n’a pas vraiment prises et qui nous tombent dessus comme une sentence. Le médecin qui, voyant votre bilan de santé, vous « conseille vivement » d’arrêter de fumer, de boire de l’eau minérale et de prendre un abonnement dans une salle de sport sanctionne un peu votre mode de vie. Et si les agences de notation annoncent à un État qu’elles pensent que sa dette est trop grosse et qu’elles commencent sérieusement à douter qu’il puisse la rembourser, la mise en garde sonne comme une injonction : va falloir qu’il fasse un régime draconien. There Is No Alternative (TINA), le slogan avec lequel Margaret Thatcher avait dissous le discussion politique au début des année 80, sera-t-il encore à la mode dans « débats » en 2012?
Le gouvernement par la dette projette de faire de la liberté conditionnelle le mode de vie potentiellement applicable à toute la société. Hors de prison, d’accord, mais sous-contrôle, histoire que nos comportements soient prévisibles et nous amènent à tenir nos promesses. À ceux qui le font on donnera une bonne note et une belle carte de crédit (les salaires, c’est un peu démodé) – aux autres, un bonnet d’âne et une bonne correction. La culture de la notation généralisée consacre le règne de la bonne résolution forcée. On n’a pas fini de nous emmerder : la procrastination finira par être un délit.
Mais il y a d’autres manière de se résoudre (à faire quelque chose). Quelquefois, le changement d’attitude est désiré plus que tout, choisi. Qu’il se conçoive comme global ou microscopique – ou aux deux niveaux en même temps. Tenter de récupérer un peu de temps sur des horaires surchargés pour faire un voyage ressourçant, du sport ou comprendre la macro-économie. Essayer de récupérer un peu de force politique perdue en laissant des mots d’ordre qui créent du possible – « Occupy Wall Street! », « Occupy Everywhere !». S’arrêter dans des villes pensées pour circuler (y’a rien à voir) devient une bonne résolution en-soi.
Sauf que, le changement, ce n’est pas qu’une question de volonté. On a beau désirer ceci ou cela, on le fait toujours dans un champ de forces pas toutes d’accord entre elles : la finance mondialisée ne va pas abandonner son business parce que l’indignation gronde, et au beau milieu de l’hiver, c’est vachement dur de se lever du fauteuil dans lequel vous vous effondrez en rentrant du boulot pour rejoindre cette leçon de stretching qui vous avait pourtant fait tellement bien lors des deux premiers cours…
Les (bonnes) résolutions, ça ne coûte jamais très cher de les prendre – le problème, c’est l’application. L’ONU reste bien payée pour le savoir.
Donc, désir ou nécessité? Parfois entre les deux. Prenons la crise écologique. Elle nous oblige à modifier nos modes de vie, à ralentir – à nous mettre en transition vers un nouveau modèle. Mais ceux qui professent l’entrée dans la (civilisation de la) décroissance opèrent en même temps un choix éthique, politique. Ils saisissent une opportunité, entre choix et contrainte.
A y regarder de plus près, sort-on jamais de cette logique combinatoire – où le désir et la nécessité s’entremêlent dans la prise de décision? Les campeurs d’Occupy Wall Street et les Indignés espagnols auraient-ils réclamé des changements s’ils n’y étaient pas contraints par la précarité? Est-ce qu’on ne se pose pas plus de questions sur les effets de l’industrie nucléaire en entendant parler de Fukushima qu’en passant devant Tihange?
De toute façon, à la fin, ce truc de « prendre des bonnes résolutions », franchement, c’est pas un peu… moralisateur? Comme si on était coupable de quelque chose ? Comme si on avait toujours une dette à payer? A soi-même, à la société, aux banques… Il paraît que « qui paie ses dettes s’enrichit »… Mais, par les temps qui courent, rien n’est moins sûr!
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Ce numéro sera prochainement publié sur le site de C4. En attendant, vous pouvez consulter les anciens numéros à cette adresse : http://c4.certaine-gaite.org/
Vous pouvez vous procurer ce numéro
– en vous abonnant en versant 12,5 euros sur le compte D’une certaine gaieté asbl : BE27 068 2282747 73 (BIC: GKCCBEBB) (6 numéros double)
• Liège •
d’Une Certaine Gaieté asbl : 9/11 rue des mineurs 4000
Clair Obscur asbl : 8 rue Trappé 4000
Art-che Galerie : Quai de la Goffe 2 4000
Théâtre Arlequin : Rue Rutxhiel, 3 4000
Médiathèque de la Communauté française : Place Cathédrale 4000
Librairie Livre aux trésors : Rue Sébastien Laruelle 4 4000
Librairie PAX : 4-8, Place cockerill 4000
Bibliothèque des Chiroux : Rue des Croisiers, 15. 4000
l’Aquilone asbl : blv Saucy 25 4020
You art gallery : En feronstrée 133 4000
Centre d’art Les Brasseurs : rue des brasseurs 6 4000
Le Comptoir du livre : 20 en Neuvice 4000
Argontemporain : en Neuvice 4000
Voix de femmes asbl : en Neuvice 46 4000
Maison Arc-en-Ciel : Hors-chateau 7 4000
Casa Nicaragua : 23 rue Pierreuse 4000
Librairie Varia : 8 rue des mineurs 4000
Espace Uhoda : Rue Léon Frédéricq, 14 4020
Théâtre de la Place : 1, Place de l’Yser, 4020
L’an Vert : rue Mathieu Polain, 16 4020
• Bruxelles •
Atelier Mommen : 37, rue de la Charité, à Saint-Josse
Théâtre national : 11-115, bd E. Jacqmain, à Bruxelles
CC des Riches-Claires : 24, rue des Riches-Claires, à Bruxelles
BC d’Ixelles et salle Mercelis : 13, rue Mercelis, à Ixelles
Théâtre de Poche : 1, chemin du Gymnase (dans le Bois de la Cambre)
Maison du Livre : 24-28, rue de Rome, à Saint-Gilles
CC et Médiathèque de WSP : 93, av. Ch. Thielemans, à 1150
CC de Watermael-Espace Delvaux : 9, rue Gratès, à Watermael
BC de Berchem Saint-Agathe : 21, rue des Soldats, à Berchem
BC de Jette : 10, pl. Cardinal Mercier, à Jette
BC de Schaerbeek (Sésame) : 200, bd Lambermont, à 1030
Bibliothèque royale : 4, bd de l’Empereur, 1000 Bruxelles
Médiathèque (ULB) : av. Paul Héger, à Ixelles
Cinéma Arenberg : 11, galerie du Roi, à 1000
Tropismes : (galerie Saint-Hubert)
Recyclart : Gare de Bxl-Chapelle, 25 rue des Ursulines, 1000 Bruxelles
Wiels : 354, avenue Van Volxem, à Forest
Atelier 210 : 210, chaussée de Saint-Pierre, à Etterbeek
STICS asbl : 41, boulevard Lambermont, à Schaerbeek
FUSL (université) : 43, bd. du Jardin Botanique
Flagey (billetterie) : Place Sainte-Croix, à Ixelles
BC de WSL : 62, rue Saint-Henri, à WSL
BC Chantiers du TL : 6, pl. du Temps libre
BC de Boitsfort : 32, rue des Trois Tilleuls, à Boitsfort
BC Auderghem 37-39, rue E. Idiers, à Auderghem
CC Auderghem (billeterie) : 183, bd du Souverain
BC d’Etterbeek : 211, av. de la Chasse, à Etterbeek
BC Uccle-Montjoie : 935/4, chée de Waterloo, à Uccle
BC d’Evère : 10, sq. Hoedemaekers, à Evère
CC de Jette : 145, bd De Smet-De Nayer, à Jette
BC de Saint-Josse : 246, bd E. Bockstael, à Laeken
Corto (café) : 485, chaussée de Boendael, à Ixelles
Archives de Bruxelles : rue des Tanneurs, à 1000
CC Jacques-Franck : 94, chaussée de Waterloo, à Saint-Gilles
Théâtre de l’L : 7, rue Major René Dubreucq, à Ixelles
Musée d’Ixelles : 71, rue J. Van Volsem, à Ixelles
Free Clinic : 154a, chaussée de Wavre
A Livre ouvert/ Le Rat conteur : 116, rue Saint-Lambert, à WSL
Académie de Boistfort : Place Bischoffsheim, à Boitsfort