A propos des non-mixités
Mais qu’est-ce qu’on trafique donc dans ces espaces non-mixtes ?
« Quand on explique ce qu’est la non-mixité, on s’adresse souvent aux personnes qui en sont de fait exclues et on se concentre à expliquer pourquoi elles en sont exclues. Un peu pour se justifier mais aussi pour s’assurer que cette non-mixité sera respectée. OK, souvent, quand on se réunit dans des formes de non-mixité, ça peut permettre de vivre des moments à l’abri de certains systèmes de domination. Mais la non-mixité n’est pas qu’un abri. La considérer juste ainsi ne nous rend pas plus fort.e.s. Parce que nous n’avons pas tant besoin de nous protéger que de nous organiser !
C’est un outil à l’intérieur duquel on fabrique de nouveaux imaginaires, des solidarités, des réflexions, des luttes, des rapports de force, de l’autonomie.
La non-mixité ne nous débarrasse pas de tous les système d’oppression qui sont multiples et s’entrecroisent, mais elle nous permet de nous extraire de certains pour nous organiser et nous penser nous-mêmes. Croiser les vécus, se rendre compte de leurs similitudes pour finalement saisir des réalités sociales et comprendre des fonctionnements de la société. Construire des complicités avec d’autres personnes que les individu.e.s issu.e.s de classes dominantes. Fabriquer des luttes entre personnes concernées. Imaginer et construire d’autres manières d’interagir et de coexister entre personnes portées par une même volonté de résistance. Se sentir fort.e.s ensemble.
Il existe donc une multitudes de non-mixités : meufs-gouines-trans face au patriarcat, trans-pédé-gouines face à l’hétérosexisme, racisé.e.s face au racisme, handis face au validisme, grosses face aux normes corporelles, trans face à la transphobie,… etc
Sachant aussi que des non-mixités se réunissent pour se remettre en question sur leurs postures dominantes, par exemple : non-mixité gars qui parlent du sexisme, non-mixité meufs-gouines-trans blanches qui parlent du racisme. Bref, plein de choses plus ou moins complexes !
Les non-mixités apparaissent avec des luttes et des gens qui s’organisent en tant qu’opprimé.e.s et/ou dominant.e.s sachant que chaque personne cumule souvent plusieurs postures dominantes et plusieurs postures opprimées.
Finalement on a toujours de bonnes raisons de se réunir ! »
Concrètement, vous êtes invitées à participer les 15 et 16 novembre à un atelier non-mixte meufs-gouines-trans. Ce qui veut dire qu’à cet endroit, il n’y aura pas que des meufs, certaines personnes seront sûrement des gouines et d’autres seront peut-être des trans.
Meufs = celles qui se sentent femmes, non-femmes, in-femmes, super-femmes.
Gouines = les gouines ne sont pas des meufs, puisque « les lesbiennes ne sont pas des femmes. » Monique Wittig a été la première à énoncer la catégorie de sexe comme catégorie politique fondant la société en tant qu’hétérosexuelle.
Trans = des meufs, des gouines, des trans, qui avaient été assignées « garçon » à la naissance.
Nous n’excluons pas la possibilité que certaines participantes aient des apparences plus que franchement masculines, ce qui n’autorisera personne à présupposer qu’elles ne sont pas à leur place. Qu’elles viennent librement, si elles s’y sentent légitimes. Nonobstant, nous n’aurons aucune patience pour les intrusions volontaires et provocatrices de la part de personnes anti-non-mixités.
(Ce texte a été écrit par des féministes grenobloises à l’occasion du shiftcore 2013, leur but était de présenter leurs soirées et d’avoir un outil pour discuter de la toujours épineuse question des non-mixités.)
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